[couverture de Linux Magazine 101]

Journée Méditerranéenne des Logiciels Libres 2007

Article publié dans Linux Magazine 101, janvier 2008.

Copyright © 2007 - Sébastien Aperghis-Tramoni

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Chapeau

Après le succès de la première JM2L l'an dernier, les organisateurs de l'association Linux Azur ont décidé de se relancer cette année pour consacrer la journée du samedi 10 novembre 2007 aux logiciels libres, comme précédemment à l'école Polytech'Nice de Sophia Antipolis.

Une journée toujours aussi riche

[logo de la conférence]

Bien que les salles soient ouvertes et les stands en place, l'organisation a pris du retard et ce n'est que vers midi que Florent Peyraud annonce le début officiel de la conférence, et en conséquence un décalage d'une heure sur l'horaire prévu.

Olivier Cleynen - Dépasser le logiciel propriétaire sans écrire de code

Olivier fait remarque qu'en règle général, on ne choisit pas son logiciel, et compare avec les voitures. Quand on achète une voiture, on regarde rarement les pneus, bien que ce soit un composant essentiel.

[free software installation]

Il fait le constat d'une part d'un environnement légal hostile, avec le développement de techniques et de lois répressives (DRM, DADVSI), et d'autre part que le système d'exploitation est en train de disparaître : les données sont de plus en plus stockées dans des services tels YouTube ou Flickr, hébergés sur des serveurs hors de notre contrôle, voire hors de la juridiction nationale. Il montre aussi la différence entre un ancien modem ADSL et un Livebox : la seconde est un ordinateur, avec du logiciel qu'on ne contrôle pas. "Le risque, c'est de terminer avec ça" dit-il en montrant la photo d'un Minitel.

Olivier fait remarquer que l'un des problèmes de logiciels libres est de passer trop de temps à forker plutôt qu'à fournir un produit fini et facile à installer et utiliser. Reprenant la métaphore automobile, il oppose les pneus Microsoft Bista aux pneus Binus Bedora 7, Bandriva, Bubuntu et BnewSense. Il montre le site GetGNULinux.org dont le but est justement de faciliter l'installation de Linux. Lui-même a réalisé un site similaire en français, LinuxPreinstalle.com. Il donne comme exemple les logiciels Firefox et OpenOffice.org qui ont fait une bonne analyse de leur marché : même s'ils ont des défauts, ils ont de fait beaucoup de succès.

Benjamin Bayart - Internet libre ou Minitel 2.0

S'inquiétant lui aussi de la centralisation des données hors de notre contrôle, Benjamin fait remarquer que cela correspond en fait à une utilisation en étoile du réseau, les PC étant de simples terminaux se connectant sur des serveurs.. comme le Minitel. Un véritable internet signifie connecter les machines en point-à-point, exactement ce que font les réseaux P2P (peer-to-peer). L'aspect disruptif de la technologie que propose l'internet est cela permet de s'affranchir de la sélection opérée par les portails et autres gros fournisseurs de contenu. Ainsi, chacun peut créer un site web, un blog ou autre sur sa machine et en offrir un accès public.

Benjamin se plaint que s'il y a beaucoup de personnes dans les associations de logiciels libres, il y a assez peu de personnes qui s'occupent de l'internet libre. Trop peu de monde s'est mobilisé contre la LCEN qui demanderait pourtant aux FAI de logguer toutes les connexions à chaque service.

[photo de l'install party]
L'install party

Repas

Le repas, qui commence forcément assez tardivement, est une collation sous la forme d'un buffet convivial qui permet de profiter du soleil sur la terrasse. C'est aussi l'occasion de quelques trolls bien animés avec certains représentants d'une association bien connue ;-)

Install Party

Durant la majeure partie de la journée s'est déroulée une install party dans une salle réservée pour. Party qui a remporté un joli succès si en on croit le nombre de participants.

Damien Cassou - SmallTalk et SeaSide

Damien présente rapidement le langage SmallTalk et Squeak, la machine virtuelle qui offre un environnement graphique objet pour exécuter ce langage. Il réalise une démonstration et montre les outils disponibles, tel cet étonnant navigateur de fonctions capable de trouver une fonction à partir des arguments et du résultat. Il montre comment écrire un annuaire avec Seaside, le framework web de Squeak. Fonctionnalité intéressante : il peut passer en mode débug interactif dans Squeak et continuer d'envoyer les données au navigateur web.

La nature complètement objet du langage permet de faire des composants indépendants et parfaitement réutilisables. Damien en ajoute à sa petite application avec une facilité déconcertante.

Alban Peignier - Logiciels libres et radios libres

[photo de Alain Peigner]
Alain Peigner parle de radios libres

Alain explique comment les bandes magnétiques ont été remplacées dans les années 90 par les supports numériques, ce qui a d'une part permit d'augmenter la capacité de stockage, et d'autre part a totalement changé la chaîne de pré-production et de montage. Toutefois, le matériel audio spécialisé (tables de mixage, cartes audio avec support du plus de 10 voies) est longtemps resté cher, et donc fermé. Ce n'est que récemment que l'entrée de gamme est devenue abordable pour le particulier ou l'associatif avec des prix de l'ordre de 300 EUR.

Alain cite les logiciels libres utilisés : Audacity, ReZound, sox, Ecasound pour l'édition et le montage, JACK pour la diffusion, les formats FLAC pour le stockage et Ogg/Vorbis pour la transmission. Il y a par contre des manques sur la gestion des méta-données.

Il détaille ensuite la gestion d'antenne, soit automatique (musiques, rediffusions), soit en direct avec le lancement des jingles par exemple. L'antenne est entièrement informatique, mais avec une platine CD en dépannage. Il montre le logiciel libre Rivendell qui offre une bonne assistance pour le direct et dispose d'une importante communauté d'utilisateurs. Il manque par contre un ordonnanceur évolué pour la diffusion automatique.

Il explique aussi comment la pige d'antenne, cette obligation légale d'enregistrement de ce qui est diffusé pour le CSA ou la SACEM, est maintenant utilisée en post-production pour rediffusion ou mise en ligne.

Le but de tout cet arsenal technique n'est pas seulement de faire des radios au sens traditionnel du terme, mais aussi de la captation de concerts ou de conférences, des duplex et liaisons grande distance. C'est d'autant plus facile maintenant qu'il est maintenant facile et relativement peu coûteux de se connecter à haut débit (en filaire, wifi, ADSL). Il donne comme exemple un concert en direct avec Radio Bemba et Manu Chao. Ce genre d'événements est diffusé en direct de manière classique avec Icecast ou par P2P avec PeerCast, FreeCast ou P2P-Radio.

Il fait remarquer que la mise en ligne est encore un espace concurrentiel car les grands radios ont encore du mal à gérer ces domaines à la croisée des chemins entre web et radio. Il note qu'en décomposant les problématiques, on arrive à des solutions d'intégration de logiciels CMS pour la partie éditoriale et d'outils spécifiques pour les documents audio tels AudioBank et RadioSwap.

Il note que le support du format Ogg sur les plates-formes non libres est souvent difficile. Une solution au niveau des navigateurs est d'utiliser un lecteur en Flash ou en Java. Il manque des services clé en main libres, mais pense qu'il est possible d'en monter par l'utilisation de serveurs à bas coût comme les Kimsufi et autres Dédibox.

Benjamin Bayart bondit sur sa chaise et sur cette dernière remarque pour indiquer que le prix réel de la bande passante est très supérieur à celui vendu : le mégabit est officiellement à 150 EUR, et si les opérateurs peuvent faire des offres ADSL ou de bande passante de serveurs aussi basses, c'est parce qu'ils utilisent un effet de masse, sachant que la majeure partie de utilisateurs ne consommeront qu'une fraction de ce qu'il ont acheté. Inciter à croire qu'on peut streamer à ce prix va donc tuer ce genre d'offres. Alain se défend sur le fait qu'on parle de radios associatives, avec par définition une faible audience.

Soirée

La Journée se termine dans un petit restaurant de pâtes du centre d'Antibes, afin pour les uns de continuer les trolls commencés au déjeuner, pour les autres de discuter plus sereinement du libre ;-)

Conclusion

Malgré le retard qui aura un peu plombé cette journée, on peut dire que cette nouvelle Journée Méditerranéenne des Logiciels Libres est encore une fois un succès, au moins de par les très riches discussions que ce forum a permises. D'après le débreefing qui a suivi la conférence, les organisateurs semblent avoir vu les points à corriger pour faire l'an prochain une édition encore plus réussie.

Liens

Auteur

Sébastien Aperghis-Tramoni, {Marseille,Sophia}.pm, <sebastien@aperghis.net>

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