Article publié dans Linux Magazine 78, décembre 2005.
Copyright © 2005 - Philippe Bruhat
Tous les ans depuis 1997, l'éditeur O'Reilly organise une conférence consacrée aux technologies et au mouvement Open Source. Cette année enfin, la première Open Source Convention (abrégée en OSCON) est organisée en Europe.
C'est en 1997, alors que la deuxième édition du livre Programming Perl battait tous les records de vente (et pas seulement parmi les livres d'informatique) que Tim O'Reilly, le patron de l'éditeur O'Reilly & Associates s'est rendu compte que personne ne parlait de Perl nulle part alors qu'une bonne partie des services web fonctionnaient avec.
Il a donc décidé d'organiser une conférence consacrée à Perl pour faire mieux connaître ce langage. Après deux éditions de la Perl Conference, le thème s'est élargi à tout l'Open Source et la conférence est devenue Open Source Convention, ou OSCON.
Du 17 au 20 octobre 2005 s'est tenue à Amsterdam la première version Européenne d'OSCON. La convention était hébergée dans ce qui est probablement l'hôtel le plus luxueux d'Amsterdam : le NH Grand Hotel Krasnapolsky, sur Dam square à quelques centaines de mètres de la gare centrale.
Comme le montre l'emploi du temps de la conférence (accessible à l'adresse http://conferences.oreillynet.com/eurooscon/grid/), il n'y avait pas de quoi chômer : des présentations de 8h45 à 17h, en parallèle dans 5 salles pendant les 3 jours, des expositions après 19h, sans parler des couloirs pleins de programmeurs (dont un bon nombre de têtes connues).
La convention était organisée autour de plusieurs thèmes principaux : Linux, Java, PHP, Python, Perl, Databases, Security, Emerging Topics, Products & Services, Business et bien sûr les keynotes (présentations générales d'environ un quart d'heure sur divers sujets, par des personnalités).
On peut dire qu'il y avait du beau monde : Tim O'Reilly (l'éditeur), Larry Wall et Damian Conway (Perl), Autrijus Tang (Pugs), Chia-Liang Kao (SVK), Brian Fitzpatrick (Subversion), Rasmus Lerdorf et Sebastian Bergmann (PHP), Alan Cox (Linux), Greg Stein (Subversion, Google). Sans parler de tous les hackers plus ou moins connus qui étaient présents dans les couloirs, même s'ils ne faisaient pas de présentation pendant la convention.
Le luxe de l'hôtel, des pauses café et déjeuner, la qualité de la prestation technique et probablement les frais pour faire venir certaines sommités font de cette convention un événement particulièrement coûteux (prix d'entrée : 940 €) principalement accessible aux entreprises.
Les quatre jours de la conférences étaient répartis entre une première journée consacrée aux tutoriels (supplément de 400 € sur le prix d'entrée) et les trois jours de la convention proprement dite.
La première journée de la convention était occupée par les tutoriels, regroupés en sessions de 3 heures, commençant dès 8 heures 30.
Les sujets abordés montrent là l'éclectisme du public visé : Ruby on Rails, The Basics of Perl DBI Database Programming, Open Source Web Application Security Kung-Fu & Art of Defense, et Presentation Aikido le matin. Après un déjeuner en self-service dans la grande salle du petit-déjeuner de l'hôtel (petits pains garnis, salades de crudités et salades de fruits, menu simple que nous allions retrouver tous les jours de la convention) l'après-midi a été occupé par Model-Driven AJAX, Scalable Internet Architectures, Subversion Tutorial (par Brian Fitzpatrick) et Perl Best Practices par Damian Conway.
Les tutoriels étaient accompagnés de supports de présentation contenant des documents explicatifs (ou l'intégralité des transparents dans le pire des cas). La qualité des tutoriels dépend plus de l'intervenant que du sujet : j'ai ainsi entendu dire que le présentateur de Ruby on Rails ne donnait pas assez d'explications et se contentait de coder ses exemples en direct à grande vitesse.
Étant avant tout un mongueur de Perl, je n'ai pas pu échapper à celui qui est probablement l'un des meilleurs showmen Perl à l'heure actuelle : Damian Conway :
Sous un titre intrigant, Presentation Aikido (probablement en référence à Presentation Judo de Mark-Jason Dominus) distille tout le savoir de Conway sur l'art de la présentation. Une présentation se divise ainsi en quatre étapes : planning, préparation, présentation proprement dite et interaction avec le public. Chacune des étapes est ainsi détaillée, avec tous les secrets pour faire une intervention parfaite.
Conway lui-même avoue passer 10 à 20 heures de préparation pour chaque heure de présentation.
Perl Best Practices est la version parlée du livre qui vient de paraître (traduction française prévue pour début 2006). Conway y présente ce qu'il considère comme les « bonnes pratiques » pour écrire du code Perl fiable et maintenable dans une équipe de développement.
Après une pause suffisante pour aller dîner en ville, nous revenons pour 19h30 dans la grande salle. Nat Torkington présente l'auteur de rn, patch et Perl : Larry Wall.
Larry présente son fameux State of the Onion, version 9.3. (Le titre est une allusion au discours State of the Union fait chaque année par le président des États-Unis.) Il s'agit en fait d'une espèce d'improvisation sur 26 listes de mots. À propos de Perl, Larry explique que comme Gustav Mahler avec ses symphonies ou J. R. R. Tolkien avec ses livres, il a essayé de mettre le monde dans Perl. Comme Mahler, il va échouer, mais il espère néanmoins que le résultat sera intéressant.
Damian Conway entre ensuite en scène pour sa fameuse présentation
Fun with dead languages. Tous les transparents intermédiaires sont
en latin (sous-titré, heureusement), et Damian commence par expliquer
l'intérêt des geeks pour l'archéologie à l'aide de photos de... Lara
Croft. Et de détournement de celles-ci, jusqu'à nous montrer Larry Wall,
Guido Van Rossum, Eric Raymond et Richard Stallman en tenue de Lara. Les
« langues mortes » qu'il présente (et dont il se moque gentiment)
sont LISP, PostScript, C++ (qui n'est pas mort, mais on peut rêver), SPECS
(un langage créé par Conway pour tuer C++) et il termine par... le
latin, en présentant des exemples de code écrits avec son module
Lingua::Romana::Perligata
. Comme toujours avec Damian Conway,
nous avons droit à une présentation exceptionnelle par sa qualité et
son humour. Sa conclusion est sérieuse cependant : tout langage de
programmation est un outil avec lequel on pense ; l'étude de langages
morts ou dépassés permet de découvrir d'autres manières de penser.
Il termine par un encouragement à pratiquer la nécrolinguaphilie !
Comme toujours Damian Conway dépasse, et nous sortons à 21h30, ravis du bon moment qu'il nous a fait passer.
La véritable Open Source Convention commence ce mardi, avec les keynotes, pendant lesquelles nous verrons se succéder :
Nathan Torkington, organisateur de la convention qui accueille tout le monde et présente les objectifs de celle-ci,
Tim O'Reilly, fondateur de la maison d'édition éponyme qui nous parle de The O'Reilly radar, un genre de blog où lui et quelques autres tracent les tendances et tentent de prévoir la prochaine révolution technologique.
Simon Phipps qui parle de l'Open Source chez Sun (The zen of Free),
Jeff Waugh (du projet Gnome) qui présente sa vision du poste de travail Linux, en réponse à un défi posé par Asa Dotzler à OSCON 2005. Dans Answering Asa's Search for the Linux Desktop, il présente en particulier ses lunettes spéciales pour voir les boîtes de dialogue comme les utilisateurs les voient : tout est flou sauf le texte des boutons. C'est pourquoi Gnome utilise des verbes sur les boutons plutôt que Yes/No/Cancel...
Chet Kapoor qui parle l'Open Source chez IBM (Innovation and the Open Community),
et enfin Alan Cox, qui vient nous parler du futur de la sécurité sous Linux, et du plus grand danger pour celle-ci : l'utilisateur, dans Computer Security - The next Fifty Years.
Après la pause café (et les biscuits !), commence le dilemme qui va durer pendant le reste de la conférence : comment choisir quoi aller avoir quand au moins deux des 4 ou 5 salles hébergent en même un intervenant intéressant ?
J'ai donc choisi Lexical Attributes, d'Abigail, qui explique une manière très intéressante de se protéger du gros défaut des objets Perl classique : ce sont des tables de hachages, et donc une erreur dans le nom de la clé peut passer inaperçu et provoquer un bug difficile à détecter.
Pendant ce temps-là, on pouvait entendre parler dans les salles voisines de Drupal, de Java ou d'un poste de travail thin client basé sur Linux.
Je suis resté encore dans la salle Perl pour les immanquables
présentations éclair (lightning
talks). Après avoir présenté mon module Acme::MetaSyntactic
et appelé
la communauté à l'aide, j'ai pu revoir certaines présentations
de YAPC::Europe (Abigail, H. Merijn Brand), Autrijus Tang parlant de
Visual Basic (it rocks!), Léon Brocard avec une démo (souvenez-vous
les années 80) sur PSP écrite en LUA, Dave Cross donnant les résultats
du recensement mondial des Perl Mongers ainsi qu'Autrijus et Allison
Randal déclamant un poème intitulé Larry was a mariner (très
certainement un pastiche du classique anglo-saxon
The Rhyme of the Ancient Mariner). Comme toujours, ça passe vite et
on se détend bien.
Pendant la pause déjeuner, Damian Conway m'accorde un entretien pour parler de Perl 6 et de son livre (à venir dans un prochain numéro).
À peine revenu, pendant que la communauté Perl écoutait Autrijus Tang parlant de Pugs (un prototype de Perl 6 écrit à une vitesse record en Haskell), je suis allé assister à la présentation de Phillip Torrone, le co-rédacteur en chef du magazine MAKE lancé en début d'année par O'Reilly. Il nous a parlé de l'esprit DIY (Do-It-Yourself ou « Faites-le vous-même ») qui pousse les gens à fabriquer ou à bidouiller des objets utiles ou amusants (par exemple : construire un petit robot dans une carcasse de souris, tricoter sa propre housse pour son iPod, installer son appareil photo numérique sur un cerf-volant ou monter un PC dans une carcasse d'Atari 2600 VCS). Je vous conseille son magazine, MAKE, plein d'idées de trucs plus ou moins farfelus qu'on aimerait fabriquer soi-même, si on avait le temps... (Le site du magazine : http://www.makezine.com/, voir aussi http://www.instructables.com/.)
Dans PHP 5, the year after Sebastian Bergmann parle de PHP (10 ans
déjà) et de projets sérieux qui s'appuient dessus comme PHPUnit, Smarty,
et aussi du futur de PHP. Il est clair que PHP 6 sortira avant Perl 6.
:-)
En parallèle, Aaron Crane présente l'utilisation faite d'Apache
à The Register et Jos Boumans présente CPANPLUS
.
À propos des versions 6, Damian Conway présente l'avancement du projet Perl 6, tandis que j'écoute Tim O'Reilly donner des détails sur son « radar ». Il présente surtout plein de courbes visuelles pour comparer les marchés relatifs des livres et technologies. Il parle également du Buzz Game, un projet conjoint avec Yahoo! Research dans lequel les utilisateurs jouent à une bourse virtuelle où ce ne sont pas des actions boursières qu'on échange, mais des actions concernant les technologies, concepts et tendances de la high-tech.
Je termine la journée en suivant distraitement FLOSS use in European government: Survey Results par Rishab Aiyer Ghosh. Il s'agit des résultats d'une enquête à l'échelle des administrations européennes sur leur utilisation de logiciel Open Source (FLOSS signifie Free/Libre Open Source Software. Le bilan est plutôt positif (955 réponses sur 4100 personnes interrogées), et il en ressort que le logiciel libre est beaucoup utilisé dans ces administrations, pour des raisons d'interopérabilité (entre logiciels) et de compatibilité (avec des versions plus anciennes). Le coût est un paramètre important surtout pour les petites structures. On note cependant que la moitié des responsables informatiques interrogés doit réduire le coût des licences logicielles de son parc dans les deux ans à venir.
Le début de soirée est occupé par une réception dans le hall d'exposition, où les sponsors de la conférence se présentent sur leurs stands tandis que des rafraîchissements sont servis. C'est l'occasion de rencontrer du monde, de discuter de technologie... J'ai par exemple entendu parler d'OpenWengo (un concurrent GPL de Skype) par un des employés de l'entreprise.
Un peu avant 21 heures, le bruit se répand qu'une partie de Werewolf va bientôt commencer. Nous nous retrouvons à une dizaine de personnes dans les salons de l'hôtel pour commencer une partie arbitrée par Arthur Bergman. Le principe est simple : parmi les villageois, il y a deux loup-garous. La nuit, les loup-garous tuent un villageois et le jour, les villageois discutent entre eux pour essayer de deviner qui parmi eux est un loup-garou. À la fin de la discussion, ils votent pour lyncher l'un d'entre eux. Le but des loups-garous est de massacrer tous les villageois, celui des villageois de se débarrasser des loups-garous.
Au fil des parties, chacun découvre s'il doit mentir ou faire confiance, à qui, comment. Sans autre matériel qu'un jeu de cartes pour distribuer les rôles, c'est un jeu très amusant et très prenant. En plus, ce jeu permet de rencontrer du monde, et de se faire tout de suite de nouveaux amis en disant d'eux : « Tuons-le ! c'est un loup-garou ! »
Les règles du jeu sont décrites en détails et en anglais sur http://www.eblong.com/zarf/werewolf.html.
La journée commence à nouveau avec les keynotes, qui accueillent cette fois :
Rael Dornfest, d'O'Reilly, vient nous rappeler que nous recevons trop d'email, trop de flux RSS. Il n'insiste hélas pas assez sur ce qui me paraissait important dans le titre de son intervention : Attenuation is the new Aggregation. L'atténuation, c'est-à-dire comment faire en sorte d'identifier les messages qui nous intéressent dans le déluge d'information que nous reçevons volontairement.
Michael Tiemann, de RedHat, explique dans Total Quality Source comment on peut aborder le problème de la qualité du logiciel : l'ignorer, améliorer l'existant ou bien prendre le problème à la source. Sa conclusion : design for total software quality.
Au passage, il montre un lien sympa sur des tests de qualités réalisés en soumettant les programmes testés à des entrées aléatoires : http://www.cs.wisc.edu/~bart/fuzz/fuzz.html.
Microsoft était l'un des principaux sponsors de la convention, et Jason Matusow s'y occupe de la branche Shared Source (lancée en 2001). Dans Sharing the love, il rappelle que le modèle de Microsoft n'est pas de faire le bien ou le mal, mais d'éditer du logiciel pour le vendre.
Il fait surtout une annonce importante : Microsoft n'a maintenant plus que trois licences Shared Source, simples à comprendre (elles tiennent sur une page). Il s'agit de Microsoft Permissive License (Ms-PL), basée sur le modèle BSD, Microsoft Community License (Ms-CL), basée sur le modèle Mozilla et Microsoft Reference License (Ms-RL), qui est un genre de licence en lecture seule, sans diffusion ni modification.
Les détails sont à lire sur http://www.microsoft.com/sharedsource/.
Paul Everitt, de l'association Zope Europe, est un américain qui vit en Europe. Dans Lisbon Agenda and Open Source, il explique que 70% des développeurs Open Source sont européens. Et surtout que la promotion et l'utilisation de standards ouverts fait partie des « objectifs de Lisbonne ». Bref, l'Europe est un endroit intéressant pour faire du logiciel Libre/Open Source.
Three Degrees of Separation: OS Technology Partnerships, de Marcel den Hartog, du marketing de Computer Associates, n'avait aucun intérêt. Une pure présentation marketing complètement creuse, pendant laquelle les premiers rangs discutaient sur le canal IRC #oscon.
Enfin, Paula Le Dieu, directrice de Creative Commons est venue présenter Science Commons. Il s'agit d'étendre les notions développées par Creative Commons (un équivalent des licences logicielles adaptés à d'autres types de création comme les oeuvres littéraires, photographies, etc) aux publications scientifiques.
Elle rappelle en particulier que dans le monde imaginé par les partisans de la DRM (Digital Rights Management), on ne fait que louer sans jamais acheter (durée déterminée), sans droit de transfert (pas de prêt ou de don) et on n'a aucun droit d'analyse, ce qui permet de nous vendre l'accès au coup par coup à des bases de données et des outils d'indexation et de recherche.
Ainsi, dans le monde de la recherche scientifique, les articles sont publiés dans des revues très coûteuses, et les droits des auteurs sont souvent très limités. Le but de Science Commons est de résoudre les problèmes posés par la loi sur le droit d'auteur (qui est la même pour Einstein et Disney !) et permettre la publication et surtout l'accès aux données.
Viennent ensuite les sessions habituelles.
Pendant que Rasmus Lerdorf parlait du déployement d'applications PHP
de grande envergure, que Martijn Faassen parlait de lxml
(une bibliothèque
pour utiliser libxml2
et libxslt
, mais avec une API Python), que Léon
Brocard décrivait Devel::ebug
(débogueur Perl avec une interface web),
je suis allé voir Easy game-console hacking. Joachim Bengtsson et
Frank Buss y décrivaient comment écrire ses programmes pour PSP (avec
le langage LUA) et aussi la course-poursuite entre Sony et ses clients
qui veulent bidouiller leur PSP. Le problème de Sony, c'est que techniquement,
si on sait installer ses propres jeux faits maison sur sa PSP, on sait
comment installer et faire marcher les jeux piratés aussi.
Après déjeuner, Chia-Liang Kao a présenté SVK, l'outil de gestion de configuration basé sur Subversion qu'il a écrit au cours d'une année sabbatique prise uniquement dans ce but. Sa présentation s'appuyant sur l'évolution des outils de gestion de configuration, il a passé en revue cp, RCS, CVS, Subversion... Ayant la chance d'avoir Karl Fogel, Brian Fitzpatrick et Greg Stein dans la salle, il a pu se payer le luxe de demander (après avoir dit du mal des logiciels cités) si l'un des auteurs se trouvait dans la salle... et de voir des mains se lever !
À propos de CVS, il précise que comme tout logiciel, il est haïssable
(voir http://we.hates-software.com/ au sujet de la haine du logiciel),
mais surtout il vous déteste aussi ! Chia-Liang cite à l'appui un extrait
du source de CVS : printf ("I HATE YOU\n");
. Quelqu'un dans la
salle avoue être l'auteur de ce message ! :-)
Si l'évolution de RCS à Subversion a pris aussi longtemps, c'est parce que c'est exactement le genre d'outil dont il est difficile de changer du jour au lendemain. Tout en conservant un dépôt centralisé, SVK ajoute la possibilité de travailler en étant complètement déconnecté du serveur, et de faire ses commits à son rythme, en local, pour pouvoir ensuite appliquer les changesets un par un ou d'un seul coup. Ce n'est pas la seule fonctionnalité intéressante de ce logiciel. Allez voir http://svk.elixus.org/ pour en savoir plus sur SVK.
Parmi les évolutions futures de svk, on peut noter SVL, une version peer-to-peer disponible sur CPAN !
Pendant ce temps, je note que dans les salles voisines on parle de IronPython: Python on the .NET platform. C'est décidément dommage de ne pas pouvoir assister à tout !
Quelques présentations intéressantes en cette fin de journée : Free and open source in the developping world, PostgreSQL replication solutions, Building Apps with Subversion, Migrating to Open Source Databases ou enfin m0n0wall: an Open Source Firewall Project.
J'ai fini ma journée avec FreeBSD Release Engineering où Murray Stokely (release engineer de FreeBSD) explique le fonctionnement du cœur de la communauté FreeBSD, et comment le changement de la méritocratie vers la démocratie s'est fait. Quelques chiffres qui impressionnent : 212 commiteurs actifs dans src/ et 149 dans src/sys/ (le kernel), 80% des commits faits par 45 contributeurs confirmés, plus de 13000 packages dans les ports, un repository CVS qui remonte jusqu'en 1994, et avec les CD, on peut voir l'historique de près de 20 ans de code source. Son point de vue sur les fork de BSD : chacun peut se concentrer sur ce qui l'intéresse (NetBSD, la portabilité, OpenBSD, la sécurité), au lieu de se disputer tout le temps. Sous FreeBSD, la page de manuel release(7) explique ce qu'il a raconté.
Un événement absent de l'emploi du temps listé sur le web, mais qui a bien eu lieu, c'est la séance de présentations éclair Python. Je le sais, j'y ai assisté ! Après avoir été déplacée plusieurs fois, la session s'est finalement trouvée en surnombre et reléguée dans une toute petite salle. Le public débordait largement le nombre de sièges, toutes les présentations ont été faites sans diaporama. L'expérience était très sympa, comme toujours avec ce genre de présentations éclair. Le langage de programmation n'a aucun importance quand ce sont des personnes intéressées et intéressantes qui parlent.
Vers 17h30, c'est la pause, et je file dîner avec mon petit groupe de
perleurs pour revenir à temps pour la Maker Fair. Entretemps,
LINAGORA sponsorisait une dégustation de fromages et vins français,
plutôt bien choisis. Comme toujours, quand il y a du pain, du fromage
et du vin, il y en a toujours un des trois qui vient à manquer. Cette
fois-ci c'était le pain, ce qui est probablement le moins grave. :-)
Organisée par le magazine MAKE déjà mentionné, l'exposition consiste en un ensemble de petits stands où les makers, bricoleurs et bricoleuses exposent leurs créations. Une expo comme celle-ci donne envie de jouer du fer à souder ! Petit inventaire de ce que j'ai pu admirer : une série de réveils-radio sur lesquels on a greffé des joysticks (http://www.selfmadeobjects.net/), des iPod greffés dans des coffrages divers et diverses choses greffées dans des coffrets d'iPod, une démonstration de Second Life (http://secondlife.com/), un sac à main avec un capteur solaire qui permet d'éclairer l'intérieur quand on l'ouvre, un mini-robot monté dans une carcasse de souris et qui réagit à la lumière...
Le dernier jour est déjà arrivé, et commence par une nouvelle session de keynotes :
Dans Future-Proofing Your Privacy, Marc Hedlund exhibe un mail stupide
écrit il y a dix ans et conservé par Deja News^W^W
Google... Pour protéger sa
vie privée, le seul moyen est quasiment de considérer que tout ce qui
a été écrit sur un disque dur autre que celui de son ordinateur personnel
sera impossible à effacer, pour toujours.
Une présentation sur Ruby on Rails, par David Heinemeier Hansson, dont j'ai tout oublié,
Dans Taking Community Interaction to the Next Level, Kaj Arnö parle du fonctionnement de MySQL AB, la société derrière MySQL. Le public est beaucoup plus fasciné par les « photos de vacances » qu'il utilise pour sa présentation, en particulier celles avec des peintures corporelles (bodypainting) sur des femmes...
eLearning Strategies based on F/LOSS- Extremadura Region commence
par une (longue) video d'un documentaire télévisé sur le sujet dont
Luis Casas Luengo veut nous parler. Sur IRC, le public de #oscon
regrette les photos de bodypainting.
La session se termine par openTalk 2.0: Maximizing Non-stakeholder Buy-in by Leveraging Depatented Generic Information Transfer Protocols de Damian Conway. C'est une parodie extraordinairement drôle et bien préparée de présentation marketing. Plusieurs personnes ont noté qu'il a probablement transgressé toutes les règles de forme présentées dans son tutoriel Presentation Aikido...
La table ronde Women in Open Source réunissait Allison Randal (Perl Foundation), Zaheda Bhorat (Google), Danese Cooper (Intel et Open Source Initiative), Paula Le Dieu (Creative Commons International) et Jo Walsh. La discussion avec le public a permis de voir combien il restait de travail à faire pour que les femmes cessent d'être cantonnées à des rôles secondaires quand elles participent à l'Open Source. Le sexisme (conscient ou inconscient) est très présent chez les informaticiens, et cette table ronde n'a permis que d'effleurer le sujet. Tout les participants souhaitent voir ce sujet abordé lors de la prochaine convention.
Jouke Visser présente ensuite pVoice, le logiciel qu'il a écrit pour que sa fille lourdement handicapée puisse communiquer à l'aide de l'ordinateur. Il soulève le problème principal qu'il rencontre : les gens qui pourraient l'aider sont à l'intersection de deux groupes ; d'un côté les développeurs Open Source (Perl), de l'autre ceux qui sont motivés par l'aide aux personnes handicapées (c'est-à-dire bien souvent des personnes touchées personnellement). Depuis plus de 5 ans qu'il travaille sur pVoice, il tient le projet quasiment à bout de bras.
En parallèle, Autrijus Tang présente le langage qui lui a servi à écrire le premier compilateur Perl 6 au monde dans Learning Haskell. Et annonce qu'il sait produire du code JavaScript à partir d'un source Perl 6 !
La dernière séance de présentations aborde entre autres Template Toolkit (module Perl), la récupération de données sous Linux et Ajax.
À 15h30, la convention se termine sur la keynote de Corry Doctorow, de l'EFF, qui avertit le public de ce qui attend l'Europe en matière de DRM. En Europe aussi, les lobbies des majors sont à l'œuvre, et il faut se battre pour défendre nos droits.
Cette première édition de la version européenne d'OSCON a été un succès. Bien sûr, c'est loin d'être la première conférence consacrée aux logiciels libres en Europe, mais la différence principale vient de son orientation plus professionnelle.
Alors que des workshops consacrés à différents domaines (Perl, Netfilter, Gnome, etc) fleurissent un peu partout en Europe, OSCON Europe se veut un lieu de rencontre entre ces différentes communautés (le business, les utilisateurs et les développeurs Open Source), sans tomber dans l'aspect « foire » ou marketoïde de salons comme Linux Solutions ou Linux World.
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