[couverture de Linux Magazine 74]

Le groupe de travail « Articles » des Mongueurs de Perl

Article publié dans Linux Magazine 74, juillet/août 2005.

Copyright © 2005 - Philippe Bruhat & Les Mongueurs de Perl

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Chapeau

Depuis 3 ans déjà, Linux Magazine accueille les Mongueurs de Perl dans ses colonnes. L'heure est enfin venue de vous présenter non seulement l'association mais surtout la façon dont un petit groupe d'adhérents et non-adhérents de l'association collaborent à la promotion de leur langage de prédilection dans la presse informatique.

L'association

Pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas encore Les Mongueurs de Perl, il s'agit d'une association loi 1901, qui a été présentée en détail dans les Dossiers Linux numéro 2, entièrement consacré à Perl.

Son objet est la promotion du langage Perl en France, tout simplement. Cette promotion passe par le soutien des groupes locaux d'utilisateurs, l'organisation de conférences ou encore la publication d'articles consacrés à Perl dans la presse et sur son site web.

Mongueurs ?

Le mot Mongueur est une francisation phonétique du mot monger en anglais. C'est brian d foy qui a fondé en 1998 le premier groupe de Perl Mongers, à New-York.

brian d foy a eu l'idée d'une coordination centrale des groupes d'utilisateurs de Perl qui leur fournirait des services (sites web, listes de diffusion, etc.). Le mot anglais monger signifie « négociant, fournisseur d'une marchandise spécifique » (iron monger) et par extension, promoteur, voire lobbyiste (war monger) ou trafiquant. Le terme est utilisé pour décrire le genre de personne qui fait du Perl (enthousiaste et prêt à vous convaincre).

Depuis leur création, les Perl Mongers construisent une communauté d'utilisateurs de Perl en leur permettant de se rencontrer. Ensuite, ce sont ces utilisateurs qui font le reste.

Et ça marche : aujourd'hui, la communauté Perl est organisée autour des groupes de Perl Mongers et ceux-ci forment le coeur de cette communauté. Ce sont des groupes de Perl Mongers qui organisent localement les principales conférences Perl dans le monde (YAPC, YAPC::Europe, YAPC::Israel, les Perl Workshops, etc.)

Notre véritable but

La bière.

Enfin, plus précisément, le premier groupe de Mongueurs français (Paris.pm) avait principalement pour but de permettre aux utilisateurs parisiens de Perl de se retrouver pour pouvoir discuter tranquillement autour d'un verre. De bière.

D'autres occasions de se retrouver existent : les conférences Perl Européennes (YAPC::Europe, chaque année depuis 2000 dans un nouveau pays, en 2003 à Paris) et les Journées Perl (organisées depuis 2004 par les Mongueurs) permettent à des utilisateurs qui ne se rencontrent habituellement que sur les listes de diffusion ou IRC de... boire une bière ensemble.

Enfin, pas d'inquiétude si vous n'aimez pas la bière : un participant régulier ne boit pas de bière et se fait immanquablement servir une pinte d'Orangina. :-)

Bref, les Mongueurs, ce sont avant tout un groupe d'utilisateurs et de connaisseurs enthousiastes de Perl. Qui aiment bien se retrouver pour partager leurs expériences, avec convivialité.

Les articles

Avant Linux Magazine

Revenons à nos articles.

L'idée pour les Mongueurs de proposer des articles consacrés uniquement à Perl dans la presse date de fin 2001. Le constat initial était que beaucoup trop d'articles Perl dans la presse informatique comportaient du code Perl écrit comme si c'était du C. L'exemple par excellence était la boucle sur le contenu d'un tableau :

    for( my $i = 0; $i <= $#tab ; $i++ ) {
        # faire quelque chose avec $tab[$i]
    }

Le code que nous voulions promouvoir étant bien sûr la version idiomatique du langage :

    foreach my $elem (@tab) {
        # faire quelque chose avec $elem
    }

Le projet initial consistait à écrire tout un tas d'articles, afin de pouvoir être crédibles quand nous contacterions l'un ou l'autre des magazines Linux français (nous avions en tête à l'époque de nous faire publier par GNU/Linux Magazine France ou Login:).

Ces articles pouvaient être soit originaux, soit des traductions. Parmi les traductions envisagées, il y avait les articles WebTechniques de Randal L. Schwartz et les Apocalypses de Larry Wall (spécifications de Perl 6).

Nous avions également prévu des rubriques genre « Trucs et astuces », pour pouvoir boucher d'éventuels trous.

Comme vous allez le constater, cela ne s'est finalement pas passé comme prévu.

La rencontre avec Linux Magazine

De son côté, une contributrice de Linux Mag, Marianne Ciaudo, cherchait à mettre sur pied un article sur Perl et plus particulièrement sur la communauté en France. Apprenant que l'association « Les Mongueurs de Perl » venait d'être créée (novembre 2001) pour promouvoir ce langage, elle est entrée en contact avec un des ses membres, François Désarménien, pour lui proposer une interview.

Cette interview ayant eu lieu sur le lieu de travail de François, Marianne en a profité pour inclure Sylvain Lhullier dans la discussion (Sylvain était alors collègue de François). François parla de la naissance de Perl et de ses expériences avec le langage. Sylvain parla des cours de Perl qu'il donnait déjà à l'université et de la guerre des langages. Marianne est ensuite venue à une de nos réunions mensuelles[1] pour rencontrer un nombre plus important de membres de l'association. Ces interviews ont donné naissance à un article : « Perl : un langage libre ». Cet article est visible en ligne sur le site de Sylvain [2].

Perl dans Linux Magazine

L'idée de Linux Mag était ensuite de proposer à ses lecteurs une introduction au langage. Denis Bodor (rédacteur en chef de Linux Mag), aidé de Marianne, cherchait un auteur pour ce travail. Sylvain s'est montré intéressé mais a demandé du temps pour réfléchir. Il commença le premier article pour voir « ce que cela donnait ». Test concluant, Sylvain était partant.

Sylvain s'est donc engagé à fournir à Linux Magazine une suite d'articles d'introduction technique à Perl. Et pour être sûr de ne pas dire trop d'âneries, il est venu rencontrer les Mongueurs pour leur demander de relire ces articles.

Au sein des Mongueurs, il existait depuis février 2002 quelques débuts d'articles déposés sur un serveur CVS, ainsi qu'une liste de diffusion. Plusieurs projets d'articles existaient mais on n'avançait pas très vite. Sylvain s'est inséré dans la petite équipe.

Durant les premiers mois, Sylvain était le seul rédacteur, ses articles étant relus, commentés et corrigés par les autres participants. La série comporte sept articles au total [3] dont le premier est paru dans GNU/Linux Magazine France n°41.

Le but était de publier ensuite des articles présentant les différents modules de Perl. La liste des idées qui avaient été lancées a donné lieu à un planning, espèce de page web informelle où nous notons (toujours) les idées et le programme possible de publication. D'autres rédacteurs ont ensuite pris le relais, toujours aidés par l'équipe des relecteurs. Sylvain s'occupait de coordonner les actions de chacun et de faire l'interface entre les rédacteurs et le magazine.

Devant le succès de l'opération, ainsi que sa durée dans le temps, Sylvain baptisa l'équipe de rédaction des Mongueurs de Perl « Groupe de travail Articles ». D'aucuns reconnaîtront le vocabulaire utilisé au sein de l'AFUL dont Sylvain est membre. Il se nomma aussi « coordinateur » de ce groupe de travail, le terme de « chef » ne convenant pas du tout :-)

Une collaboration qui dure

Après la série d'introduction de Sylvain, nous avons continué avec des articles augmentant progressivement le niveau attendu de nos lecteurs (nous supposons comme minimum requis la connaissance de cette série introductive) : articles sur le tri, les options de ligne de commande, suivis par des séries sur LWP, la gestion des emails, les GUI, LDAP...

Les « Trucs et astuces » du projet initial sont devenus les « Perles de Mongueurs » (rubrique mensuelle depuis mars 2004), et depuis le mois dernier, une rubrique donnant des nouvelles de Perl 6 a fait son apparition.

Pas d'inquiétude cependant : nous ne comptons pas remplir Linux Mag de Perl... ceci a déjà été fait, avec le numéro 2 des Dossiers Linux qui, reprenant nos premiers articles, constitue un guide complet pour débuter en Perl. :-)

Groupe de travail, méthode de travail

D'abord communiquer

Nous avons parlé plus haut de dépôt CVS. En fait, le véritable point de contact entre les rédacteurs et les relecteurs, et toutes les personnes concernées ou intéressées par les articles des Mongueurs, c'est la liste de diffusion articles@mongueurs.net.

Celle-ci reçoit tous les emails de commit, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'un contributeur envoie une modification d'un fichier dans le dépôt, la liste de diffusion reçoit un email contenant un diff des fichiers modifiés et le message de log écrit par le contributeur. Cela permet aux personnes intéressées de voir les différences entre les versions successives d'un fichier (très utile à l'auteur d'un article pour suivre les corrections apportées par les relecteurs). Cela permet également de savoir quels sont les articles qui bougent (certains articles peuvent stagner très longtemps dans le dépôt, comme le récent article sur goto, qui a pris plus de vingt mois entre l'ajout dans le dépôt et l'envoi à Linux Magazine).

La liste est également un lieu de discussion, où les projets d'articles sont discutés, où les volontaires se font connaître, où les conseils s'échangent.

Relire et corriger

Un article est relu attentivement quand son auteur l'estime terminé, mais en général la relecture commence dès les premiers commits. Ainsi les relecteurs peuvent aussi aider à la construction même de l'article, à l'élaboration de son plan. L'article fini profite ainsi des conseils et de l'expérience des relecteurs. De leur compétence orthographique également. Avec suffisamment de relecture, toutes les fautes sont vouées à disparaître.

Les corrections apportées sont de deux types :

Format utilisé

Linux Magazine attend les articles sous forme de documents HTML, avec le marquage le plus simple possible (titres, gras, italique, police de pas fixe pour le code).

Tous nos articles sont évidemment écrits en POD (Plain Old Documentation), le format de documentation de Perl. Ce format a l'avantage par rapport au HTML d'être très facile à lire et à écrire (c'est quasiment du texte brut avec quelques balises de mise en forme).

Seul Sylvain a utilisé DocBook pour sa série d'articles. Charles Minc a essayé de produire son article sur Perl/Tk avec OpenOffice.org et le HTML produit automatiquement, mais devant la complexité induite pour la relecture, il a été amicalement convaincu de passer à POD.

À titre de comparaison, voici quelques lignes de POD :

    =head1 Titre

    Un paragraphe avec un mot en B<gras> et un en I<italiques>.

        # le code est simplement indenté
        $A++

    Un S<lien :> L<http://www.mongueurs.net/>.

Et leur équivalent en HTML :

    <h1>Titre</h1>

    <p>Un paragraphe avec un mot en <b>gras</b> et un en <i>italiques</i>.

    <pre># le code est simplement indenté
    $A++</pre>

    <p>Un lien&nbsp;: <a href="http://www.mongueurs.net/">http://www.mongueurs.net/</a>.

Il est évident qu'après le passage de plusieurs relecteurs, le code HTML va devenir difficile à maintenir, tandis que le POD garde sa simplicité. Le problème est encore pire quand le HTML est généré par un logiciel (par exemple OpenOffice.org).

Les humains écrivent du POD lisible par les humains, et la machine produira le HTML lisible par les navigateurs (et Linux Magazine).

Nous utilisons pour produire le HTML qui est envoyé à Linux Mag (et publié ensuite sur le site http://articles.mongueurs.net/) le module Pod::POM. Pod::POM supporte également quelques petites choses de plus que POD, comme des niveaux de titre de niveau 4 (la spécification de POD s'arrête à 2) et des listes imbriquées (POD ne supporte qu'un seul niveau de listes).

Nous avons aussi introduit pour nos besoins quelques extensions au format POD, pour gérer en particulier la coloration syntaxique (support de Perl et de HTML, à l'heure actuelle). Le module servant à la coloration est Pod::POM::View::HTML::Filter, aidé de Perl::Tidy, Syntax::Highlight::HTML et Syntax::Highligh::Shell. Hormis Perl::Tidy, tous ces modules ont été réalisés spécialement par des membres du groupe de travail pour la production de nos articles et tous sont disponibles sur CPAN.

Pour ajouter la coloration syntaxique, il suffit de modifier le POD décrit précédemment comme suit :

    =head1 Titre

    Un paragraphe avec un mot en B<gras> et un en I<italiques>.

    =begin filter perl

        # le code est simplement indenté
        $A++

    =end filter

    Un S<lien :> L<http://www.mongueurs.net/>.

On peut difficilement faire plus simple, n'est-ce pas ?

Notez que la coloration syntaxique n'est visible que sur le site http://articles.mongueurs.net/. Un des avantages de celle-ci est que l'outil de coloriage plante lamentablement quand le code comporte des erreurs. Ça ne garantit pas que le code que nous fournissons fonctionne (ceci serait plutôt du ressort des relecteurs), mais au moins qu'il compile.

Depuis quelques mois, Linux Mag recommande à ses auteurs d'utiliser une CSS (ou feuille de style OpenOffice.org). Ceci facilite évidemment la mise en page dans le sens où les relecteurs et infographistes n'ont pas forcément les compétences pour repérer dans le texte les morceaux de code, les anglicismes, etc.

Nous allons donc probablement pouvoir faire évoluer nos convertisseurs maison pour produire à partir du même source POD les fichiers HTML du site et des fichiers OOo destinés à GLMF.

Publication

Un fois l'article terminé et relu à fond, il est temps de l'envoyer à Linux Magazine.

C'est le coordinateur du groupe de travail qui s'occupe de sélectionner l'ordre dans lequel seront envoyés les articles (pour les mois où nous avons de l'avance...) et de secouer un peu les auteurs qui se sont endormis sur un article en cours. C'est aussi lui qui prend les décisions de publication, par exemple s'il y a besoin de faire des coupes (c'est arrivé pour le Dossier Perl).

Sylvain Lhullier fut le premier coordinateur du groupe de travail, depuis les débuts de notre collaboration avec Linux Mag jusqu'en avril 2004. Il a terminé en apothéose en coordonnant le Dossier Perl, qui reprenait son introduction et un certain nombre d'articles afin de produire un livret de 80 pages qui permet à tout un chacun de se mettre le pied à l'étrier en Perl.

David Elbaz a pris la suite, et continue depuis ce travail régulier et indispensable.

Rétribution

Contrairement à ce que certaines personnes mal informées semblent croire, les auteurs d'articles pour Linux Magazine sont payés (correctement) pour leurs articles.

Au niveau du groupe de travail, les règles sont très claires : c'est l'auteur (ou les auteurs, à hauteur de leur participation quand il s'agit d'un article écrit à plusieurs mains) qui est rétribué pour son article. Le travail de relecture est bénévole. Tout auteur a été ou sera aussi le relecteur d'un autre article, et tout relecteur peut se transformer en auteur s'il a une idée d'article.

Pour les articles écrits à plusieurs, nous avons là encore introduit quelques extensions à notre format de documentation pour pouvoir calculer simplement la contribution de chacun.

Publication sur le web

Notre accord avec Linux Magazine nous permet de publier nos articles sur le site web du groupe de travail. Par délicatesse envers le magazine, nous attendons environ deux mois après la publication du magazine avant de mettre les articles et les perles en ligne sur http://articles.mongueurs.net/. Le papier reste néanmoins notre support de lecture préféré, surtout quand il est imprimé !

Pour lire les articles en avance, il n'y a qu'une solution : devenir auteur ou relecteur !

Le site des articles contient également les autres travaux du groupe de travail : des traductions en français d'articles publiés sur le web et des comptes-rendus des conférences Perl auxquelles nous avons participé.

Le groupe de travail a besoin de vous

En trois ans, le groupe de travail Articles a publié plus de 30 articles, d'une dizaine d'auteurs différents. Sans compter les Perles...

Chaque article demande beaucoup de travail, mais plus encore que le chèque, c'est la satisfaction de voir son article --son œuvre-- publiée dans un vrai magazine, vendu en kiosque, tiré à plus de 40 000 exemplaires, qui est la véritable récompense de ce travail. (Vous allez pouvoir l'acheter à votre mère et le dédicacer à vos collègues...)

S'il y a un sujet que nous n'avons pas encore abordé et dont vous pourriez parler pendant plusieurs pages, rejoignez nous ! Tous les détails sont sur le site du groupe de travail : http://articles.mongueurs.net/.

Et même si vous ne pouvez en parler que sur quelques paragraphes, cela pourra faire une Perle (pour les Perles, écrivez directement à perles@mongueurs.net).

Merci de votre fidélité en tant que lecteurs, et à bientôt en tant que rédacteurs ou relecteurs !

Auteur

Philippe Bruhat (book@mongueurs.net), aidé comme d'habitude par le groupe de travail ! Merci à tous d'avoir construit depuis trois ans ce petit groupe où il fait bon lire et écrire.

Liens


Interview de quelques membres du groupe de travail

Pour compléter cette présentation, nous avons posé quelques questions aux relecteurs, auteurs et coordinateurs du groupe de travail. Nous espérons que ce qu'ils racontent de leur expérience vous donnera envie de nous rejoindre !

Petite présentation rapide des intervenants :

Questions aux relecteurs

GLMF : Pourquoi relisez-vous ? Qu'est-ce que ça vous apporte ?

Jérôme : C'est toujours intéressant de lire les articles en avance de phase. Plus sérieusement, les fautes d'orthographes et les erreurs dans un écrit, qu'il soit papier ou électronique, m'ennuient et heurtent ma lecture. A fortiori, quand ces problèmes se retrouvent dans mes articles (et certaines erreurs sont passées à travers les mailles pour mes articles). Aussi, pour garder aux Mongueurs le cachet de qualité que certains peuvent leur reconnaître, la relecture à plusieurs mains (et yeux) permet de pallier les plus ou moins grandes erreurs, typos, et j'en passe de nos auteurs. Le but du jeu étant de niveler par le haut, et non par le bas.

Philippe : Être relecteur, ça me permet de m'assurer que les articles publiés sous la bannière des Mongueurs sont de bonne qualité. Pour moi, les articles c'est la meilleure opération de promotion que nous ayons réalisée, à la fois pour Perl et pour les Mongueurs. J'ai envie qu'on voit que Perl est un langage extraordinaire et que les Mongueurs sont vraiment bons. Relire, c'est participer activement à cette exigence de qualité. Jérôme l'a très bien résumé : nivellement par le haut.

Être relecteur, c'est aussi complètement dans la logique du logiciel libre : je donne de mon temps et de mes connaissances pour améliorer l'œuvre des autres, et j'espère que d'autres feront de même quand moi-même je serai auteur.

David : La relecture c'est la recherche maudite de la perfection. Haro sur les « typos » et les fautes de sens. Mais être relecteur c'est avant tout apprendre et partager. J'ai appris énormément de choses sur Perl en relisant. J'ai notamment appris à être auteur. Si l'idée vous titille, la relecture est un premier pas intéressant.

Puis il y a le partage. C'est un travail très motivant, et le fait d'être en groupe le rend tellement enrichissant...

Jean : Je relis les articles pour traquer et éliminer les fautes d'orthographe et de grammaire. Envoyer un texte truffé de fautes est une marque de mépris de l'auteur vis-à-vis du destinataire (et quand cela se produit dans un contexte professionnel, dans lequel les protagonistes mettent en avant leur « assurance-qualité »...) Je reconnais que tout le monde ne maîtrise pas très bien l'orthographe. Dans sa biographie de Patton, Carlo d'Este présente même la dyslexie comme une maladie. Donc, en attendant un vaccin, il est important que chaque article soit relu par plusieurs personnes qui savent écrire un français correct.

Relire un article permet également d'échanger la connaissance de Perl avec l'auteur et les autres relecteurs. L'échange fonctionne dans les deux sens : par exemple, j'ai beaucoup appris sur le courrier électronique et sur HTTP en corrigeant les séries d'articles de David et de Philippe, mais j'ai parfois corrigé certains points lus dans un article et j'ai profité également des corrections suggérées par d'autres relecteurs.

Cela dit, lorsque Linux Mag arrive dans ma boîte aux lettres, je lis à peine l'article, tellement je l'ai lu et relu les semaines précédentes. Heureusement, le reste du magazine contient d'autres articles intéressants !

Question aux auteurs

GLMF : Pourquoi écrivez-vous ?

Sylvain : Parce que cela me permet de consolider mes connaissances. Vraiment. Avant d'écrire ma série d'articles, je connaissais un peu Perl, je bricolais. Avec ces articles, je me suis obligé à aller au fond des choses et à me poser plein de questions : j'ai beaucoup appris. Je ne dis pas que je ne bricole plus (j'ai toujours un profond respect pour les membres de Mongueurs qui sont de vrai experts techniques --pas comme moi... ), mais je pense avoir beaucoup avancé à cette occasion. Et puis il y a un côté grisant d'avoir son nom sur un magazine distribué partout en France et au delà ! :-) Pour finir, il ne faut pas ignorer l'aspect financier qu'apporte la rédaction de ses articles.

Jérôme : Pareil que Sylvain... Ça m'a permis aussi de mettre à plat mes connaissances sur les sujets abordés. De plus, pour mes articles sur LDAP, j'avais passé très vite deux points importants (les schémas et les ACL). Lors des relectures, Sébastien Aperghis-Tramoni (Marseille.pm) a mis le doigt là où ça fait mal. Ce qui m'a fait progresser en allant fouiller plus avant ces deux notions que je n'avais pas eu besoin d'aborder outre mesure auparavant. On y voit là un autre avantage des relectures qui aiguillonnent les auteurs sans leur enlever la paternité de leur œuvre.

Philippe : Pour la gloire. Ma maman est allée acheter en kiosque le numéro de Linux Magazine qui contenait mon premier article ! Être auteur dans Linux Magazine, c'est aussi faire la fierté de ses parents... ;-)

L'écriture des articles permet d'explorer un thème ou une technique en profondeur et de confronter son expérience à celle des relecteurs. Ce n'est pas parce qu'il n'écrivent pas sur le sujet de votre article qu'ils ne sont pas compétents. Ou critiques.

La rétribution des articles est aussi une bonne motivation : les articles, c'est presque mon treizième mois.

David : Je fais partie des gens qui, quand ils ont accumulé des connaissances jusqu'à un certain point, il faut que ça ressorte : j'aime écrire, transmettre. J'aime que les gens sachent.

Du point de vue personnel, écrire c'est aussi s'impliquer plus avant, faire reposer sur ses propres épaules la qualité et l'intérêt de l'article. Et encore une fois, lorsqu'on prend un sujet sur lequel les autres ont des compétences, c'est le meilleur moyen d'en apprendre encore plus sur ce sujet qu'on pensait maîtriser.

Jean : J'ai écrit en fait très peu d'articles pour Linux Mag et l'un d'eux est en fait dans la lignée des comptes-rendus des réunions mensuelles de Paris.pm que j'écris régulièrement. J'écris ces comptes-rendus parce que cela m'oblige à faire fonctionner ma mémoire et mon expression écrite, parce que leur écriture me permet également de revivre un peu la réunion et parce que leur lecture permet de même aux autres participants de se la remémorer. Finalement, l'écriture des comptes-rendus et celle de l'article sur le goto m'incitent à me documenter sur les sujets abordés, en particulier sur le logiciel libre.

Questions aux coordinateurs

GLMF : Comment décririez-vous votre rôle ?

Sylvain : Durant la période où j'ai été coordinateur du groupe de travail, mon rôle a été de coordonner (il n'y a pas d'autre mot) les bonnes volontés : les auteurs qui avaient peur de se lancer, les relecteurs qui avait du mal à aider les auteurs... Il me fallait aussi décider de l'ordre entre les articles : non pas devoir décider entre plusieurs articles finis, mais devoir motiver un auteur et des relecteurs pour finir un article à temps... Dernier rôle du coordinateur : faire la liaison avec Linux Mag. Pour simplifier le travail du rédacteur en chef, nous avions décidé de ne pas multiplier ses interlocuteurs, j'avais donc comme tâche d'envoyer les articles à Denis (après conversion en HTML), de fournir les coordonnées des auteurs et de m'assurer auprès de ces derniers qu'ils ont bien été payés (rarement besoin de relancer les gens pour avoir de type d'information).

David : Reprendre le flambeau, endosser la responsabilité, assurer la liaison avec Denis. En tant que relecteur-auteur, du temps de l'office de Sylvain, j'ai bien vu que le groupe avait fini par bien fonctionner avec un minimum d'intervention nécessaire. Plusieurs personnes s'étaient affirmées de façon informelle, dans différents domaines (création d'outils, relecture...), comme des piliers du groupe.

Mon rôle c'est donc aujourd'hui simplement de prolonger l'expérience, mettre de l'huile quand il le faut, prendre ou faire prendre une décision de temps en temps. Le tout en sachant que je peux (comme ce mois-ci) me reposer sur certaines personnes lorsque ma vie (et une autre fragile à naître) m'appelle ailleurs.

GLMF : Avez-vous l'impression de donner une direction ?

Sylvain : Je ne pense pas avoir donné de direction, mais plutôt une impulsion. Le coordinateur n'est pas un chef, il ne dirige pas, il prend les décisions au nom du groupe, avec le groupe. Les personnes motivées le sont pour les sujets qui les intéressent, essayer de les orienter vers un autre sujet est, à mon avis, voué à l'échec. Il faut donc faire avec les bonnes volontés du moment et tenter d'avoir un article pour la fin du mois... Dans toute entreprise bénévole, la motivation des membres est la plus grande richesse, il s'agit donc de ne pas la contrarier mais de la cultiver. Art difficile.

David : Clairement non. Comme l'explique Sylvain, donner une direction, c'est une considération de riche et certains mois, nous ne le sommes pas. L'article, s'il est publié, nous convient toujours, mais nous n'avons probablement pas eu le choix entre plusieurs. La seule direction que je me vois donner, mais à ce moment-là je ne suis plus le seul dans le groupe, c'est de continuer la production le plus longtemps possible, avec un haut niveau d'exigence, d'un article plus ou moins mensuel.

Et puis on ne donne pas une direction à un Mongueur quand c'est affaire de passion, il vous accompagne, s'il le veut bien...

Questions à la cantonade

GLMF : Que pensez-vous du groupe de travail ? De son organisation ?

Jérôme : Nos coordinateurs sont un peu beaucoup pris en ce moment, mais j'ai l'impression que c'est le lot de tous dans le libre actuellement. Qu'on nous met à tous la pression, et pas seulement pour écrire des articles. Mais je pense que la présence du coordinateur aide l'auteur à se détacher des contingences (minimes, certes) que sont les relations avec GLMF, tout en gardant le bon côté.

Stéphane : Les Perles de Mongueurs ont été l'occasion pour moi de commencer par publier dans un format court. J'y ai ensuite parlé de Perl6. Le mois dernier, cette perle s'est émancipée pour devenir « Brèves de Perl6 ». Mais les développements de Perl6, devenus fulgurants ces derniers mois, vont demander de véritables articles. De plus, la vocation multilingue de l'environnement Perl6 et sa mise en œuvre utilisant le langage fonctionnel Haskell pourraient amener à parler des langages de script en général et de la programmation fonctionnelle. N'étant pas encore au niveau pour écrire sur la programmation fonctionnelle, cette remarque est aussi un appel du pied à un éventuel co-auteur, perleur ou non.

Je suis aussi très fier d'avoir trouvé les mots de Raymond Queneau qui adornent notre page proposant les anciennes Perles avec leur code colorié.

Et ce qui donnait lieu à l'agglutination ?
Des perles colorées de toutes les façons.
Et colorées comment ?

-- Raymond Queneau, Le chant du styrène

GLMF : Comment décririez vous ces trois années d'articles ?

Philippe : Le groupe de travail articles est l'une des grandes réussites des Mongueurs de Perl. L'autre grande réussite, ce sont les conférences.

Qu'on ne s'y trompe pas : il s'agit de deux activités très différentes. Les conférences demandent avant tout une bonne organisation et une bonne communication ; il s'agit d'un événement ponctuel, pour lequel on peut toujours réussir à réunir quelques bonnes volontés pendant plusieurs jours d'affilée (il y a plein de petites actions à réaliser, sur plusieurs mois, jusqu'au jour J).

Les articles, c'est au contraire un éternel recommencement, avec des jalons mensuels que nous essayons de ne pas rater. Mais nous préférerons toujours ne rien publier plutôt qu'un article qui n'a pas la qualité que nous voulons donner à nos interventions.

Grâce aux articles, l'association a maintenant un logo (voulu de longue date, mais bouclé à temps afin de pouvoir être utilisé pour la couverture des Dossiers Linux spécial Perl). Ce logo, qui représente désormais les Mongueurs dans toutes leurs activités (les conférences, en particulier), montre l'importance que l'écriture des articles a prise pour l'association.

L'utilisation de notre logo pour illustrer les articles et sa présence chaque mois en couverture de GNU/Linux Magazine France est à mon avis une grande réussite marketing (note d'un relecteur : mercatique en français) pour les Mongueurs. :-)

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