[couverture de Linux Magazine 77]

YAPC::Europe 2005

Article publié dans Linux Magazine 77, novembre 2005.

Copyright © Sébastien Aperghis-Tramoni

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Chapeau

La conférence européenne de la communauté Perl est cette année redescendue plus au sud et promettait de nombreuses surprises prévues et imprévues.

Une conférence attendue

[logo de la conférence]

Par rapport à l'édition de l'année passée qui avait pêché d'un manque certain de communication, les organisateurs de cette conférence ont énormément communiqué, par email, web et IRC avec les futurs participants afin de répondre au plus grand nombre de questions, et rassurer les inquiets que non, Braga n'était pas cernée par les incendies présentés aux informations télévisées.

Se déroulant à Braga, une des plus vieilles villes du Portugal, cette conférence était très attendue de par la présence de Larry Wall et de sa femme Gloria, Larry n'étant pas venu assister à une conférence européenne depuis YAPC::Europe à Munich, en 2002.

Les organisateurs, José Castro, Alberto Simões et Magda Silva, ont effectué un énorme travail afin de faire de cette conférence l'une des plus réussies. Ainsi, plusieurs hôtels proposaient des tarifs spéciaux pour la conférence, et un bus était réservé pour transporter les participants entre deux des hôtels et le lieu de la conférence. Il s'agit de l'université de Minho, située sur la périphérie de Braga. La conférence dispose d'un bâtiment avec trois amphithéâtres, un grand hall, un espace de détente et de vastes pelouses pour s'allonger.

Mercredi 31 août

[photo de la salle Fotango, le premier jour]
Une partie des participants présents dans la salle
Fotango le premier jour. En avant-plan, Gloria Wall en
chemise bleue et Allison Randall en t-shirt mauve.

Malgré les railleries de toutes les personnes qui pensaient que ce serait impossible, force est de reconnaître que dès le premier jour, quasiment tous les participants sont à l'heure attendue dans l'amphithéâtre principal, le bus de transport n'étant pas étranger à cette ponctualité :-)

José ouvre officiellement la conférence et fait une présentation des lieux. Il rappelle que suite à la vente aux enchères de YAPC::Europe 2004 et de l'idée saugrenue d'un certain mongueur français, ils sont censés porter des fishnets (des t-shirts résille). Il laisse ce point de côté et présente plutôt le contenu des sacs, qui sont bien garnis : un t-shirt orange vif pour les participants (celui des organisateurs est vert foncé), un poster de la conférence, un emploi du temps (évidemment déjà en partie obsolète), de magnifiques proceedings, un exemplaire de la toute première édition européenne de The Perl Review, un coq rouge et noir, symbole du Portugal, et encore quelques autres goodies. José remercie les personnes qui l'ont et vont l'aider pour la conférence et les nombreux sponsors.

Après quelques autres conseils et précisions, une chose lui revient en tête. « Oh! I almost forgot... the fishnet.. » Sous les applaudissements, José et Alberto enfilent par-dessus leurs vêtements de large fishnets. José propose alors que les personnes du clan fishnet les portent chacune à leur tour. Le premier est bien sûr Philippe Bruhat, puis José en donne aussi un à Nobert Gruener, le président de la fondation YAPC Europe « Norbert, how could you do this to us? You were supposed to help us! ».

José passe ensuite la parole à Larry Wall, qui porte quant à lui ses traditionnelles chemises hawaïennes.

[photo de Larry Wall]
Larry Wall, profession gourou Perl.

Dans son talk intitulé Engineering a new community, Larry explique comment se forment les communautés open source (spontaneously around beer), et explore les différentes formes usuelles de contradictions dans la vie de tous les jours et dans les communautés open source en juxtaposant des affirmations et leur contraire. Il présente ensuite Perl 6 de manière didactique par des exemples en Perl 5 qu'il traduit en Perl 6, et montre les dernières nouveautés autour de Perl 6. Il conclue avec Perl 6 is/isn't just another version of Perl

Allison Randall enchaîne avec son State of the carrot, où elle présente les nouvelles de la communauté Perl sous la forme d'une histoire parodiant la Chasse au Snark de Lewis Caroll, mettant en scène Larry, Damian, Mark, Chip et autres membres de la cabale. Sur les branches 5.8 et 5.9 qui ont connus des correctifs de trous de sécurité sur le programme suidperl, Larry commente par « It was a bad idea! » Allison continue et parle de Parrot, qui continue d'avancer, avec Particle (interpréteur Tcl) qui passe 10% des tests de Tcl ; de Nicholas Clark qui travaille sur Ponie et a ainsi découvert bien des internes de Perl5 à améliorer et optimiser ; de Pugs et des lambda-camels que cela attire, de la Perl Foundation qui a financé des projets comme PPI d'Adam Kennedy et pVoice de Steve Jouke. Elle remercie aussi les sociétés qui fournissent de l'argent, de l'hébergement ou du temps de leurs développeurs pour soutenir la communauté Perl.

Après la pause, Smylers présente dans Maintaining bad Perl code des conseils pour être capable de maintenir un code Perl bien sale. Il s'agit bien sûr d'écrire des tests pour vérifier le fonctionnement du code, puis de commencer à refactorer le code avec strict et warnings, tout en ajoutant des commentaires au fur et à mesure que l'on comprend (ou pas) son fonctionnement. Évidemment, un système de contrôle de versions type CVS est obligatoire afin de revenir en arrière le cas échéant.

Passant juste après, Scott McWhirter présente des idées similaires dans The legacy of Perl.

Dans une autre salle, Igor Roman présente Log4perl dans Logging for fun & profit. Ce très puissant module de journalisation fait partie de la famille des portages de Log4J,qui présentent tous une API similaires et permettent d'envoyer des messages vers la console, des fichiers ou des bases de données. Les fichiers de configuration, eux-mêmes assez complexes, sont parfaitement portables entre les différents langages.

Après la pause déjeuner, Marcus Ramberg présente Catalyst, le framework MVC inspiré de Ruby on Rails et Apache Struts. Marcus expose les fonctionnalités et l'architecture hyper-modulaire de Catalyst : 10 moteurs d'exécution, 8 modèles de persistance objet, 6 moteurs de visualisation et près de 50 plugins. Il montre le fonctionnement interne, mais ne passe qu'un film en guise de démonstration. Décevant, mais cela confirme que si Catalyst est "élégant", il n'en est pas vraiment simple pour autant.

Pendant ce temps, Nicholas Clark entame son fameux tutoriel When Perl is not fast enough (qui va durer toute l'après-midi), où il présente des ensembles de conseils et astuces pour optimiser les programmes Perl.

Barbie[1] introduit ensuite dans Yet Another CPAN Smoker la notion de smoker et présente CPAN Testers. Il montre que les courbes de rapports de tests, ainsi que du nombre de testeurs, sont en augmentation. Il promet un site http://perl.grango.org/ qui devrait prochainement fournir plus d'informations. Puis il présent CPAN::YACSmoke, le framework modulable pour tester automatiquement les modules du CPAN.

Thomas Klausner vient ensuite parler de CPANTS. Après une présentation classique et sérieuse, il propose le CPANTS Game, où le but est de chercher à constamment améliorer son score CPANTS. Il montre aussi la nouvelle version du site web, qui apporte son lot de petites nouveautés.

[photo de Bom jesus]
Le souriant R. Geoffrey Avery pose au pied du
dernier escalier de la montée vers Bom Jesus.

Autre sujet fort des conversations du moment, SVK était présenté par son auteur, Chia-lang Kao. Il commence en parlant bien sûr de CVS, « hateful piece of software », dont tous les problèmes ont été résolus par Subversion ! Il montre que le problème des systèmes de gestion des versions libres est qu'ils mettent beaucoup de temps à être développés (il faut des gens très compétents) et déployés (les utilisateurs ne doivent pas perdre du temps à apprendre l'outil). Après avoir exposé brièvement les autres systèmes existants, Chia-lang explique qu'il apprécie SVN, sauf qu'il est très lent de par son utilisation intensive du réseau. En 2003, il en a eut marre et a pris une année pour développer SVK. Ce dernier utilise les basses couches de SVN pour le stockage, mais il peut s'utiliser conjointement avec CVS, SVN et P4. Le gros intérêt de SVK est qu'il peut être utilisé de manière distribuée, en mode déconnecté. Il intègre une gestion interactive de résolution des conflits et permet de générer facilement des patches propres même sans accès en écriture. Chia-lang montre que SVK est rapide et économe en disque, bien plus que SVN seul en particulier. Il termine en précisant que SVK est déjà utilisé par plusieurs projets comme Ruby on Rails, Pugs, Parrot, Request Tracker et Catalyst, et distribue quelques badges SVK.

Fort de son expérience de CPAN Tester pour Windows, Barbie expose dans Preparing for CPAN des conseils destinés aux auteurs de modules afin de les rendre plus portables et faire en sorte qu'ils passent les tests automatiques. Outre les conseils usuels, il rappelle les solutions qui existent pour certains problèmes, comme détecter si une bibliothèque externe est disponible. Pour ce cas, il conseille de regarder la fonction have_library() de XML::LibXML::Common.

Enfin, Ivor Williams montre dans Packaging Perl Applications les différents moyens permettant de distribuer du code Perl, des paquetages (CPAN, RPM, Deb) à PAR en passant par les live CD.

Après les talks vient l'heure des BOFs. Celui d'aujourd'hui est consacré aux Perl Mongers : comment créer un groupe, comment l'animer, comment faire connaître Perl.

Pour la soirée, José propose aux participants de monter visiter l'église Bom Jesus. Monter est le mot car cette église est située en haut d'une colline qu'il faut grimper par un chemin au bord duquel se succèdent des chapelles contenant des scènes retraçant les scènes canoniques de la crucifixion.

Jeudi 1er juin

[photo du kombat de ninjas]
Kombat de ninjas !

Ce deuxième jour commence par une session de présentations éclairs, dirigée comme l'an passé par R. Geoffrey Avery. C'est Philippe Bruhat qui commence en parlant de son module Acme::MetaSyntactic, aidé par Éric Cassagnard pour la bande sonore. Puis je viens présenter Acme::JavaTrace et sa version professionnelle Devel::SimpleTrace, et reste pour montrer les différents sites de recherche autour de Perl. Philippe revient pour présenter spod5, un générateur de slides S5. Puis Salvador Fandino présente son module Sort::Key. Suit Alexandre Martins de Carvalho qui parle d'accessibilité web pour les aveugles. Jean-Louis Leroy monte ensuite montrer deux cas où Perl est d'abord plus rapide, puis plus lent que le Korn shell.

Vient alors José Castro qui réédite le spectacle qu'il avait fait à OSCON, un véritable kombat de ninjas, au scénario dense et complexe narré par David Adler. Enfin Philippe revient à nouveau pour un talk spécial : Greg McCarrol fait défiler ses slides pendant que Philippe enlève un à un les t-shirts des conférences YAPC::Europe. Il termine habillé d'un simple fishnet rose et tous les français le rejoignent sur scène habillés de même !

Les présentations normales reprennent avec Thomas Klausner qui montre dans Using use les différents aspects de l'utilisation de use : son fonctionnement, comment rajouter des chemins de recherche avec lib et FindBin, comment générer du code à la volée dans import(). Thomas avoue que ses exemples utilisent Acme::MetaSyntactic avec le thème donmartin. Il montre d'ailleurs comment fonctionne la fonction import() de ce module.

Après la pause, Nuno Barreto parle de méthodes de développement web dans Web developing with HTML Mason and CSS layout, mais traîne en longueur sur des aspects secondaires et vraiment peu intéressants.

Dans un autre amphi, Jean-Louis Leroy parle de persistance objet avancée dans Tangram T-3: Object persistance (and more) mais les parties les plus techniques sont suffisamment complexes pour que même Simon Cozens et Jesse Vincent aient du mal à suivre.

Pendant ce temps, José Castro montre bien des choses bizarres, détournements de syntaxe et exploitation de bugs du parser Perl dans Black Magic, dans le but bien évident d'écrire les assombrissements les moins clairs. Il présente aussi plusieurs assombrissements comme le space invaders de Thomas Klausner et la page $A++ des mongueurs. Il invite Abigail[2] à venir expliquer

    perl -Mstrict -we '$_="goto F.print chop;\n=rekach lreP rehtona tsuJ";F1:eval'

qui fonctionne en modifiant son propre code. Enfin, il propose à plusieurs assombrisseurs connus de venir faire l'équivalent d'un cadavre exquis. Vont ainsi se suivre Marty Pauley, Philippe Bruhat, Thomas Klausner, Abigail et Simon Cozens pour écrire un petit JAPH.

Après le déjeuner vient Leopold Tötsch qui présente comme à chaque conférence les nouveautés concernant la machine virtuelle Parrot.

Il est suivi de Christian Aperghis-Tramoni qui explique dans Using Parrot as a pedagogic platform pourquoi il enseigne, avec son collègue Jacques Guizol, l'assembleur Parrot plutôt que x86 : c'est bien plus propre et compréhensible pour les étudiants.

Vient ensuite Marty Pauley qui avec son Kick in the monads essaye de nous apprendre ce qu'est une monade. Évidemment, il manque d'éclater de rire en expliquant le titre ;-) En résumé, une monade est un ugly hack pour faire des I/O en Haskell, ou plus généralement un moyen pour introduire des instructions séquentielles dans du code purement fonctionnel. « Before monads, you could not perform I/O in Haskell because you can't time travel in Haskell. »

Dans son Debugging Perl, Léon Brocard commence par présenter les différentes manières de débugger un programme Perl (strict, warnings, print()) et en arrive naturellement à perl5db.pl, le débuggeur intégré à Perl. Il est puissant mais il s'agit d'un seul script incompréhensible et montre à l'appui des commentaires extraits du source. Puis c'est YAPC::Taipei et Jesse Vincent qui constate qu'il faudrait un nouveau débuggeur, tout en tendant une bière à Léon. D'où Devel::ebug, un débuggeur très extensible qui propose une interface console comme perl5db.pl mais aussi et surtout une interface web AJAX très pratique.

Puis Paul Johnson vient présenter son fameux module Devel::Cover, qui permet de savoir quelles parties d'un programme on exécute et donc de déterminer le taux de couverture d'une suite de tests.

Chia-lang Kao présente ensuite un intéressant système de déploiement dans Streamlining WebApp development and deployment with RunApp. Le but est simplifier l'ensemble des étapes d'installation et de configuration des différents composants nécessaires au fonctionnement d'une application web (comme Kwiki ou RT) en utilisant un unique point d'entrée, RunApp. Il montre un exemple avec un Kwiki qu'il lance en configurant un simple fichier YAML.

Paul Johnson revient pour Advanced use of Devel::Cover. Il montre que Module::Build et ExtUtils::MakeMaker::Coverage offrent des targets testcover pour exécuter une suite de tests avec Devel::Cover. Pour les modules ou applications basés sur mod_perl, il recommande Apache::Test qui fournit l'équivalent. Il montre aussi comment calculer la couverture de code XS avec gcov. Il évoque le problème des conditions d'erreurs comme open(..) or die et fait remarquer que c'est à chacun de savoir s'il veut ou pas tester ces conditions, avec des astuces comme *CORE::GLOBALE::close = sub {0}. Même remarque pour le code quasi impossible à tester comme $x = shift || 7. Paul rappelle que Devel::Cover n'a pas moyen de savoir ce qu'il en est vraiment dans un langage aussi dynamique que Perl.

Cette seconde journée de présentations terminée, la place est laissée aux BOFs, celui de ce soir étant consacré aux troubles musculo-squelettiques causés par l'utilisation prolongée des ordinateurs (RSI, Repetitive Strain Injuries).

La soirée de cette seconde journée de la conférence est consacré au dîner offert à l'ensemble des participants (alors qu'il n'est habituellement offert qu'aux conférenciers). Il se déroule dans le restaurant de l'université mais la nourriture n'est pas celle habituellement servie :-) S'y déroule également le Beers of the World BOF consacré aux bières européennes apportées par les différents participants.

Vendredi 2 juin

[photo de H. Merijn Brand et José Castro]
H. Merijn Brand (t-shirt noir) et José Castro (t-shirt vert)

Comme la veille, cette troisième journée commence par une session de présentations éclairs. David Doward débute la session et vient parler du module WebService::Validator::HTML::W3C et du site du W3C dont le code est maintenant en Perl et plus en Java. Puis Jan-Pieter Cornet vient montrer un truc amusant qu'il a mis au point avec H. Merijn Brand, trouver des caractères Unicode permettant d'écrire à l'envers. Il a appelé le module Acme::Rot180 mais il demande si personne n'est dans le conseil d'Unicode pour introduire les caractères manquants. Vient ensuite Merijn qui présent un JAPH écrit à l'envers. Suit Will Whitacker (Mock) qui montre comment contrôler le trafic mail avec mod_perl et Apache. Puis Anthony Fisher parle de bonnes pratiques de gestion de de méthodes de travail.

Abigail monte ensuite pour exposer un bug dans le parser Perl qui peut ou non provoquer un warning suivant le nombre d'espaces présents dans l'expression func(3+4)*5. Martin Vorlaender explique comment il utilise Perl pour analyser des fichiers C et Pascal avec Parse::RecDescent. Puis Anton Berezin montre comment faire un port FreeBSD d'un module Perl avec BSDPAN. Vient ensuite Brian McCauley qui présente les plans du module Games::Fluxx qu'il est en train d'écrire. Puis Thomas Klausner présente les nombreux Perl Workshops qui se sont déroulés cette année, et invite les différents organisateurs à venir parler de leur conférence.

Vient alors un conférencier surprise en la personne de Gloria Wall qui réalise une présentation low-tech avec des slides en papier intitulée Ten things about Larry. Un seul mot est écrit sur chaque papier, qu'elle commente au fur et à mesure.

Après quelques annonces, José Castro laisse la place à David Adler qui lance les NJAPHs Awards. Les deux prix seront attribués au programme le plus pratique et au programme le plus dérangeant de l'année 2005. Puis Alberto Simões monte pour décerner le prix du meilleur article des actes de la conférence à SureSpell de Paul Johnson, un logiciel destiné à aider les enfants dyslexiques.

Puis José revient pour décerner les YAPC::Europe Perl Girls Awards à Allison Randall pour le travail qu'elle fait pour la communauté et à Gloria Wall parce qu'elle veille sur Larry et le garde à peu près sain d'esprit. Vient enfin Léon Brocard qui décerne les White Onion Awards. En fait, il voulait juste avoir lui aussi des Awards à donner et a donc créé ce prix, où il donne des oignons à des personnes tirées au hasard, plus un bocal de petits oignons à José et Alberto pour les remercier de la conférence.

Comme il reste du temps avant la pause café, José indique qu'il nous livre Larry pour une session de questions-réponses. Pour entamer la discussion, José lui demande à quoi il pense ; Larry siffle l'air de Rencontre du 3e type. Allison lui propose de parler de Perl 6. Larry admet qu'il n'a pas trop parlé de la migration de Perl 5 vers Perl 6, ce qu'il va donc faire. Il indique qu'il travaille à un traducteur de code Perl5 vers Perl6, mais qu'il essaye déjà de transformer le code Perl5 en Perl5, ce qui est déjà assez difficile. Mark Overmeer lui demande si les gens arriveront à suivre Perl 6. Larry répond en utilisant la métaphore de l'autoroute : il y a plusieurs voies, celle la plus à droite va lentement, celle la plus à gauche rapidement, mais l'ensemble reste fluide. Perl essaye depuis toujours de fonctionner sur ce principe. Il compte par ailleurs sur la communauté pour faire office de fluidifiant là où cela s'avérerait nécessaire. Ivor Williams demande ce qu'il en est de la migration du CPAN. Larry répond que c'est à la communauté de voir ce qu'il advient de faire, mais il pense que que c'est avant tout une affaire de métadonnées à bien utiliser. À Mark Overmeer qui lui pose une question sur le format Pod, Larry répond qu'il aimerait bien fournir un mécanisme pour permettre l'accès à la documentation depuis le code Perl.

Lorsqu'on lui demande quelle fonctionnalité de Perl5 il aurait voulu implémenter (ou éviter), Larry réfléchit un peu. Quelqu'un en profite pour crier « threads! » Larry s'en amuse et reconnaît qu'il y a beaucoup de choses qu'il aurait dû mettre en place d'une autre manière. À la question de savoir s'il pense que Perl5 a été un succès, Larry répond : « Good, fast, cheap. Pick Two. It's open source so it's cheap. Then we chose good and not fast. » Mark Fowler lui demande enfin quel serait le moyen le plus pratique pour nous de l'aider. « Do you know Haskell? » Il reconnaît que Pugs est très utile afin de vérifier certains aspects du langage. Il précise de plus qu'il faudra toujours maintenir Perl5 car il y a beaucoup de gens qui n'en bougeront pas. « There are people who are genetically programmed to go up to the next language, and people who are not. »

José vient enfin délivrer Larry en annonçant que la pause café est prête.

Après la pause, Karen Pauley vient comme l'an passé remettre quelques pendules à l'heure dans The decline of Perl?. En particulier, elle fustige le thème de la conférence, « Perl Everywhere », car elle pense que cette vision optimiste n'est pas du tout réaliste : Perl est loin d'être présent partout et son utilisation régresse de par la concurrence de Java, PHP, Python, Ruby.

Puis Marc Kerr présente dans Perl everywhere: from the Bible to Necronomicon (and beyond) des réécritures amusantes et déjantées de la Genèse et du Necronomicon, mettant bien évidemment en vedette Perl et Larry Wall. Il s'excuse d'ailleurs de « auprès de Larry de le comparer à Dieu, et auprès de Dieu de le comparer à Larry ».

Vient ensuite Marty Pauley qui dans The other .pl nous explique en quoi Prolog est vraiment différent des langages comme Perl ou Java : il est très difficile d'y écrire un simple "hello world" mais il est plus facile d'y résoudre des problèmes complexes. Il montre une animation Flash pour illustrer le classique problème de la traversée d'une rivière, puis décrit le programme Prolog qui calcule la solution.

"Wyt ti'n medru siarad Saesneg?" And why you need a phrasebook. Sous ce titre étonnant, Barbie introduit la notion de phrasebook, un livre permettant de traduire des mots ou des phrases d'un langage à l'autre. Il précise que le titre signifie « parlez-vous anglais ? » en gallois. Il présente Data::Phrasebook, un ensemble de modules qui permettent de créer facilement des phrasebooks et de les interroger. Barbie précise qu'il ne fournit pas les données, seulement un framework complet pour les gérer. À H. Merijn Brand qui lui demande s'il est possible de gérer les formats des correcteurs orthographiques comme Aspell ou MySpell, Barbie a la réponse ultime : les plugins.

Après le repas, j'introduis les notions de base sur les CSS dans mon CSS Crash Course. Je montre l'utilité de leur emploi, la syntaxe et édite en direct une feuille de style avec Firefox et l'extension WebDeveloper.

Suit Jonathan Stowe qui dans Protecting your web applications with the DNS montre comment utiliser les DNSBL (DNS Black Lists) pour protéger wikis, blogs et autres applications web. Il conseille de vérifier les services fournis par les différents serveurs de DNSBL, ainsi que leur politique d'utilisation.

Dans Using Perl to gather information from the web, Tom Hukins présente l'utilisation de WWW::Mechanize afin de se créer des services web là où il n'en existe pas. Il montre un court exemple et explique que WWW::Mechanize utilise HTML::Parser, mais que c'est insuffisant. Il utilise donc XPath pour parcourir plus facilement l'arbre HTML. Ainsi /html/body//a/@href permet de récupérer tous les liens. Pour les pages HTML non conformes, il conseille de les passer d'abord à HTMLTidy. Comme il regrette l'absence du support JavaScript, je lui rappelle l'existence de Win32::IE::Mechanize d'Abe Timmerman pour Windows et de Mozilla::DOM de Scott Lanning.

Après une dernière pause café vient la dernière ligne droite de la conférence. Allison Randall et Norbert Gruener donnent un présent à José Castro et Alberto Simões pour les remercier de l'organisation impeccable de la conférence. Puis Norbert annonce la ville sélectionnée pour le prochain YAPC::Europe, c'est Birmingham. Barbie, Jon Allen et Brian McCauley montent sur scène et passent un film muet très bien réalisé (avec le piano comme fond sonore et les panneaux pour les dialogues) racontant la burlesque histoire de l'organisation, The Birmingham Job.

Le film commence à Paris, pendant YAPC::Europe 2003. Les membres de Birmingham.pm ont décidé d'accueillir la conférence l'année suivante. Ils rentrent chez eux, mettent au point le dossier, mais de méchants bandits viennent la leur dérober. Après une infernale course-poursuite, DanDan (le jeune fils de Barbie) attrape l'un des méchants, mais celui-ci détruit le CD-ROM sur lequel était le dossier. Heureusement, Barbie avait fait une copie de sauvegarde, permettant ainsi à Birmingham de présenter leur dossier.

Arrive alors l'heure de la vente de charité. Comme en 2003, c'est Greg McCarroll qui préside, assisté des organisateurs pour amener les objets et ramener l'argent qui est collecté par Alberto et comptabilisé par R. Geoffrey Avery. Il explique les règles et rappelle que c'est à la fois pour le fun et pour le profit de la fondation. Il conclut « Have fun and give generously ».

Plusieurs livres partent très vite (trop vite), dont les tout récents Perl Best Practices, Perl Testing Developer Notebook et Advanced Perl Programming 2nd Edition. Premier lot spécial : le droit de Léon Brocard à porter de l'orange (sa couleur favorite) au prochain YAPC. Finalement, il garde son droit à l'orange, mais ça se termine quand même en fishnet rose pour lui, qu'il porte malgré ses simagrées et un air de chien battu. Encore d'autres livres et des t-shirts sont vendus, dont un Higher Order Perl signé par Mark-Jason Dominus acheté 200 euros par Will Whittaker. Autres lots spéciaux : le second prénom du bébé de Jonathan Stowe et un dîner chez Greg qui promet de bons petits plats. Est alors mis en vente un t-shirt « polémique » (dans la lignée du fameux « Perl is my bitch » de 2000) réalisé à partir d'une photo modifiée de la guerre en Irak. Seuls cinq de ces t-shirts ont été produits, S'ensuit un duel entre Nicholas Clark et David Cantrell que Greg préfère interrompre à 500 euros en leur promettant un t-shirt chacun.

Sont ensuite mis en vente les fishnets. Les deux noirs des organisateurs sont acheté par Will Whittaker et Brian McCauley. Philippe Bruhat propose que Barbie porte le fishnet rose le premier jour de la conférence, mais perd par 240 euros contre et 225 pour cette idée. Après une série d'autres livres est mis en vente la langue d'ouverture de Birmingham. Malgré ma mise sur l'elfique (aidé par Barbie), c'est finalement le japonais sous-titré en morse et en langue des signes anglaise qui gagne ! (enfin, a priori... car personne n'est vraiment sûr de savoir quelle est la combinaison finale).

Viennent ensuite un exemplaire des actes de la conférence signés par les conférenciers, une chaise longue et un parasol rouge couvert (encore par les conférenciers) de conseils pour programmeurs paresseux, et d'autres objets signés par Larry Wall et Allison Randall, ainsi qu'une grande quantité de livres et de t-shirts dont celui de Barbie avec son fils DanDan dessus. Au total, la vente rapporte approximativement 7 200 euros !

José Castro reprend une dernière fois la parole pour parler des Seven stages of a YAPC Europe organizer où il raconte anecdotes et mésaventures. Tel ce sponsor qui a proposé de leur livrer plusieurs caisses... de sucre ! Ou cet autre qui les a contactés pour confirmer qu'ils étaient intéressés... après le début de la conférence. Il remercie Éric Cholet et Philippe Bruhat pour Act, l'applicatif de gestion des conférences qui les a bien aidés. Les statistiques montrent d'ailleurs qu'environ 50 personnes viennent du Royaume-Uni, autant du Portugal et moins de 10 personnes de chaque autre pays. Il en conclut que seuls les cinglés viennent à YAPC et que le Royaume-Uni est vraiment plein de cinglés :-) Il remercie enfin les volontaires qui les ont aidés, ainsi que Léon Brocard, Marty Pauley et Simon Cozens pour leur avoir donné l'idée d'organiser YAPC Europe et les avoir conseillés, et termine la conférence en donnant rendez-vous à Birmingham.

Conclusion

Cela a déjà été dit, mais répétons-le encore : cette conférence a été parfaitement organisée et a balayé les craintes de ceux qui pensaient que les conférences YAPC Europe connaîtraient un déclin amorcé avec Belfast. La difficulté qui pèse maintenant sur les membres de Birmingham va être d'arriver au même niveau de prestations. En fait, la seule véritable déception, mais indépendante des organisateurs, est l'étonnante difficulté de trouver des restaurants classiques au Portugal, alors que les salons de thé abondent. À part ce point de détail, YAPC::Europe 2005 a été un véritable succès, riche en surprises et nouveautés.

Liens

Notes

  1. Bien qu'il ait aussi les cheveux longs, il s'agit ici bien d'un homme qui a pris ce pseudonyme et non de la poupée :-)

  2. Même remarque que précédemment : malgré un prénom féminin, il s'agit bien d'un homme.

Auteur

Sébastien Aperghis-Tramoni, Marseille.pm, <sebastien@aperghis.net>

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